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Photo du rédacteurCedric boyer chammard

François et Charlotte, fondateurs de The Plaf, mener sa barque malgré les tempêtes !

Quand on rencontre François pour un café dans le mall de Greenbelt à Makati (Manille), notre entretien prend une tournure inattendue. Nous ne nous attardons pas sur l'aspect technique et industriel de l'entreprise (qui n'est bien évidemment pas dénué d'intérêt), ni sur le moteur qui en a été à l'origine mais principalement sur le combat qu'il a mené de front avec sa femme pour mener leur projet là où il en est aujourd'hui.




Dès leurs débuts, le couple a été sensible aux problématiques solidaires et écologiques, les poussant à partir 10 mois en vélo entre Paris en Pnomh Penh lors de leur voyage de noces. Mais cette petite graine, ils la gardent bien au chaud pour finalement avoir des carrières relativement classiques en conseil et en marketing à Paris.


Un creux professionnel et une rencontre inattendue avec une amie de sa femme qui souhaite consacrer sa vie à la lutte contre la pollution des océans permet à François de laisser germer cette petite graine dans sa tête : Pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas saisir cette opportunité pour m'attaquer à un projet qui me tient à coeur ? Sensible à cette opportunité, il décide donc de mettre plus de sens dans sa vie professionnelle en rejoignant cette belle aventure.


Ils travaillent tous les deux un an sur le projet, quittent leur travail en 2018 et s'apprêtent à partir de France quand ils apprennent que sa potentielle associée décide finalement de continuer son aventure seule en Indonésie.


Les jeunes parents se retrouvent donc sans emploi, avec deux enfants en bas âge, un nouveau né de 6 mois et un projet d'association qui n'est plus !


Finalement, la sensibilité pour le sujet environnemental, la soif d'aventure et l'envie d'un tournant professionnel l'auront emporté sur le confort et la stabilité. Quelques mois plus tard ils se retrouvent à Manille, épicentre de la pollution plastique mondiale mais aussi pays anglophone et catholique.





Les voilà donc dans cette ville impersonelle, tentaculaire et sale avec leurs enfants et, surtout, leurs idéaux et leur motivation ! Loin d'être découragés par l'immensité de la tâche, ils se concentrent d'abord sur la source du problème en organisant un réseau de collecte. Petit à petit ils montent à 200 points de collecte où les gens apportent différents types de plastiques non triés. Une fois pleines, les poubelles sont vidées, les déchets envoyés en tricycle ou en taxi jusqu'à un parking où ils sont triés puis valorisés au mieux possible.


The Plaf était né !


source : thecityfix / flickr


Ce qui différencie leur démarche des autres démarches gouvernementales est qu'elle est gratuite pour les usagers. Ce mode de fonctionnement leur permet de créer de l'émulation autour de The Plaf, de lever des fonds et de faire grossir leur entreprise. Petit à petit, ils peuvent louer un entrepôt et développer des actions de sensibilisation dans les écoles en parallèle.


En 2 ans, ce sont près de 200 tonnes de déchets qui sont collectés de cette façon.


Puis vient leur annus horribilis !

Après une éruption volcanique qui fait frémir Manille, c'est le début des divers lockdowns du Covid pour les Philippins. Ajoutez aux restrictions plus drastiques qu'en France un régime quasi-dictatorial et vous imaginez ce qu'ont vécu nos "néo-écolo-entrepreneurs" : interdiction stricte de sortie, exécutions publiques des contrevenants... Et c'est à cette période qu'ils attrapent non pas le covid mais... la dengue, une maladie qui vous cloue au lit pendant plusieurs semaines.

D'autres épreuves personnelles les touchent durement pendant cette période, qui culmine avec leur arrestation sur le port de Manille, mains sur le capot devant leurs enfants pour un contrôle "COVID" supposé "de routine".

C'est la goutte d'eau, une semaine plus tard ils sont tous les cinq de retour en France !


Sauf que la même semaine ils apprennent qu'on leur octroie une subvention de 400k€ pour monter une usine de recyclage de plastique : les planètes ne sont décidément pas alignées...

Ils arrivent à Chambéry et François se retrousse les manches pour lancer et développer son projet d'usine à distance. Des 5 employés initiaux, il passe à 50 employés en 2 ans et demi pour produire des granules de plastique, des briques et des planches en plastique recyclé.





Le tout à distance sans mettre un pied sur le sol Philippin !


Début janvier 2023, François est en discussion pour obtenir plusieurs millions de dollars pour développer la version 2 de son usine. Les comptes de l'entreprise, qui compte désormais 50 salariés, permettent au couple de vivre correctement à Manille : après de longues hésitations ils décident de retourner aux Philippines.


Ils quittent Chambéry le 20 janvier et en arrivant à Manille, l'impensable se produit ! Eux qui pensaient être déjà passés par tant d'épreuves, eux qui hésitaient à revenir, eux qui encore une fois ont changé tous leurs plans familiaux pour ce projet un peu fou découvrent avec stupeur que leur usine a été emportée par un violent incendie.



5 ans d'effort, des centaines de milliers de dollars partis en fumée et dont il ne verra plus jamais la couleur car, contrairement à ce que les employés affirmaient, il n'était pas assuré.


Une usine qu'il n'aura vu que via un ordinateur !


François fait alors preuve d'une ténacité sans faille et décide de réinvestir l'intégralité des réserves de l'entrprise pour repartir de 0 et rebâtir l'usine en étant sur place. Il va se concentrer sur le recyclage de papier d'emballage plastique pour en faire des planches utilisées dans la construction de meubles ou l'aménagement intérieur.





Refaisant ainsi ses preuves, il a réussi aujourd'hui à convaincre des investisseurs pour le suivre dans un projet de construction d'usine de plus grande dimension.

Mais aujourd'hui le couple est un peu usé et déboussolé par toutes ces aventures.

Doivent-ils rester à Manille ? Partir et gérer à distance comme il l'a déjà fait ? Retourner en France ou partir dans un autre pays pour s'attaquer au même problème ailleurs ?


Un équilibre est à trouver entre la mission environnementale et professionnelle du couple et leur "mission" familiale. On leur souhaite de rapidement pouvoir se projeter dans un avenir plus serein pour leur épanouissement à tous les 6 et de pouvoir naviguer dans des eaux plus calmes !


Bravo pour votre engagement !


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